Of Winds Of Hope

Of Winds Of Hope Berger Australien

Berger Australien

Etude du dr Christophe Blanckaert

Synthèse de littérature scientifique réalisée par Soigner Son Animal SAS

Relecture et validation : Dr Christophe Blanckaert.


Dossier : la stérilisation en question

 


La stérilisation est actuellement au coeur des débats. Conspuée ou encensée, elle n’en demeure pas moins la technique de contrôle de la reproduction la plus répandue. Impact sur la santé, sur le comportement, stérilisation précoce, stérilisation des animaux errants ou techniques alternatives, nous résumons les connaissances actuelles sur le sujet.



La stérilisation est-elle bonne ou mauvaise pour la santé du chat ou du chien ?



S’il était déjà admis que la stérilisation augmentait la durée de vie, il a fallu attendre 2013 pour qu’une étude publiée dans Plos One détaille cette information en se penchant en plus sur les causes de décès (Hoffman et al., 2013). Sur plus de 70.000 sujets étudiés (43,6 % de chiens entiers et 56,4 % de chiens stérilisés), il est apparu que les chiens stérilisés vivaient en moyenne un an et demi de plus que les chiens entiers. L’espérance de vie serait ainsi augmentée de 13,8 % pour les mâles et 26,3 % pour les femelles.

Par contre, sur tous les cas de décès, il semblerait que les chiens entiers mouraient plus d’infections alors que les chiens stérilisés mouraient plus de cancers. Un constat en demiteinte cependant, car des facteurs d’âge et de races sont aussi à prendre en compte. Le lien entre stérilisation et certains cancers (ostéosarcomes notamment) peut trouver une explication. La stérilisation précoce est reconnue pour diminuer les risques de tumeurs mammaires. Ce que l’on sait moins, c’est que cela semble également avoir un effet sur la rapidité de la croissance. Or, des recherches menées en médecine humaine ont établi un lien entre la croissance et certains cancers. Ces éléments peuvent donc donner lieu à l’hypothèse selon laquelle la croissance rapide de l’animal stérilisé précocement pourrait augmenter le risque de développer un cancer. Une théorie qui mériterait approfondissement (Green et al., 2011).



Un animal stérilisé pourrait-il être plus facilement sujet à certaines maladies ?



Une étude rétrospective a comparé 90.090 dossiers de santé de chiens castrés et non castrés (Sundburg et al., 2016). Il est apparu que les animaux stérilisés présentaient une prévalence plus élevée de maladies en lien avec une fragilité du système immunitaire (dermatite atopique, anémie hémolytique auto-immune, colite, hypoadrénocorticisme, etc.).



Des résultats à relativiser et pour plusieurs raisons :



- Le risque accru de maladie était avancé si la prévalence était supérieure à 0,1 % dans la population canine étudiée ;

- 75,93 % des chiens du panel étaient stérilisés, ce qui déséquilibre les données comparatives.

- Le fait que l’étude soit rétrospective et non basée sur l’expérience de cas-témoin rend « impossible le lien de causalité entre la stérilisation et la prévalence de maladies. »



De l’avis même des chercheurs de cette étude, « le lien de causalité est d’autant plus impossible à faire que l’on connaît l’implication du facteur génétique dans certaines maladies auto-immunes du chien ».



Une étude intéressante qui pourrait soutenir la thèse d’un lien entre la stérilisation et l’immunité, mais dont les résultats diffèrent en fonction du sexe de l’animal, a été menée chez la souris. Pour la femelle, l’oestrogène augmenterait la production d’immunoglobuline, stimulant la production d’anticorps. Pour le mâle par contre, la testostérone inhiberait l’immunité humorale (Ahmed et al., 1990).



L’argument d’une prévalence de certaines maladies due à la stérilisation est utilisé depuis peu pour favoriser l’utilisation d’alternatives à la stérilisation avec gonadectomie (vasectomie, hystérectomie avec ablation partielle des ovaires).



Le choix de la gonadectomie ou d’une de ses alternatives doit relever de la décision éclairée du propriétaire, basée sur l’analyse individuelle d’une situation : race, sexe, comportement, âge de l’animal, ainsi que sur l’éthique personnelle du maître.



Les études ne permettent pas actuellement de condamner la gonadectomie au profit exclusif d’une autre méthode et d’autres recherches sont encore nécessaires pour évaluer les effets bénéfiques et néfastes des différentes techniques disponibles.



Les effets de la stérilisation précoce sur la santé



En 2001, une étude s’est penchée sur les effets comparés d’une gonadectomie chez le chiot, réalisée soit précocement, soit après l’âge de la puberté. Pour cela deux groupes d’animaux de refuge ont été étudiés (Howe et al., 2001).



L’entérite infectieuse était la maladie infectieuse la plus rencontrée chez les chiots stérilisés précocement. Néanmoins, cette affection est de manière générale très commune chez les chiots et rarement chez les animaux plus âgés. De plus, les chiots de l’étude qui la contractaient étaient aussi ceux qui restaient le plus longtemps dans la structure, ce qui peut sous-entendre que la prévalence de la maladie pourrait aussi être le fait d’une exposition accrue au pathogène due à la politique de gestion du refuge.



Par ailleurs, les résultats de cette étude n’ont pas corroboré l’idée selon laquelle la stérilisation précoce pourrait induire des vaginites, des incontinences urinaires chez la chienne ou encore des atteintes musculo-squelettiques ou une dysplasie de la hanche.

De même, rien n’a indiqué que la stérilisation précoce pouvait favoriser les problèmes dermatologiques, cardiopulmonaires, neurologiques. Les maladies recensées dans l’étude ne l’étaient pas plus que sur la population générale.



Sur ce constat, la stérilisation précoce ne semble pas plus à risque d’induire des problèmes de santé qu’une stérilisation plus tardive, tant sur le plan physique que comportemental. 

« La stérilisation précoce est encore très peu pratiquée en France, et encore moins dans les refuges. », nous explique le Dr Christophe Blanckaert, vétérinaire canin et partenaire de longue date du refuge SPA du Boulonnais.



La stérilisation aurait-elle un impact sur le comportement ?



Certaines études ont tenté de faire le lien entre stérilisation et changements de comportements. Toutefois, aucune ne se démarque vraiment et certaines sont même complètement contradictoires.

Par exemple, une étude indique que les chiens non castrés sont plus faciles à entraîner (Farhoody, Zink ; 2010), alors qu’une autre conclue l’inverse (Serpell et al., 2005).

Ce qui demeure le plus important quand on parle de comportement, ce sont les réactions « indésirables », comme l’agressivité.

Pour cet aspect, une étude menée sur 209 chiens mâles et 382 femelles a souligné qu’après stérilisation les chiens montraient plus de modifications du comportement que les chiennes : les chiens mâles les plus agressifs se calmaient dans 61 % des cas après castration, alors que les chiennes agressives se montraient plus douces après stérilisation dans 53 % des cas (Takeuchi et al., 2000).



Des résultats qui pourraient correspondre à ceux d’un autre projet de recherche expliquant que la castration chez le chien réduirait les risques de morsures (D’Onise et al., 2017).

Pourtant, là encore on peut trouver des études aux conclusions opposées. Des recherches ont montré que la castration de chiens mâles des rues ne causerait aucun effet sur leur comportement sexuel ou l’agressivité des sujets (Garde et al., 2016). Le bilan d’une autre étude relate que la stérilisation induirait au contraire plus de comportements indésirables chez les chiens. Cependant, la conclusion de cette dernière fait part de limites importantes dans la recherche et, de l’avis des auteurs, la prudence serait de mise quant aux conclusions hâtives qui pourraient être tirées quant à un lien de causalité entre stérilisation et comportements indésirables (Mc Greevy et al., 2018).



Faut-il stériliser les animaux errants ou de refuge ?



Les études les plus récentes (2019) montrent le bénéfice de la stérilisation sur les populations de chats errants : chute du nombre d’euthanasies de chatons et d’animaux adultes, réduction des abandons en refuge et amélioration du bien-être des animaux des rues.

Aux États-Unis, les chercheurs ont comparé des programmes de management des populations de chats errants. Sur 3 années d’études, 95 % des chats de 6 refuges ont été capturés, vaccinés, stérilisés et relâchés ou adoptés. Cette technique a permis une baisse moyenne de 84 % des euthanasies de chats adultes et de 87 % des euthanasies de chatons. Parallèlement, le nombre de chats adultes déposés en refuge a diminué en moyenne de 32 %, pour une réduction de 40 % des dépôts de chatons et une baisse de 41 % des abandons de chatons nouveau-nés (Spehar et al., 2019).



Par ailleurs, les chats étaient en bonne santé et leur mortalité dans la rue était faible. Les preuves disponibles appuient l'hypothèse selon laquelle une chute de la mortalité des chats libres suggère la combinaison d'un déclin du nombre d’individus dans la population de chats (moins de conflits de territoire ou d’accès aux ressources, moins de transmission de maladies), et d'une réduction de l'itinérance des sujets stérilisés (Johnson et al., 2014).



Le bénéfice de programmes de capture, de stérilisation et de relâché a été une nouvelle fois prouvé, grâce à la publication en 2019 d’un compte-rendu de recherche de 23 années.

Le nombre de nouveaux chats, reçus pour la première fois en refuge, a diminué de 80 % entre 1995 et 2017, alors que la population globale de chats errants a diminué de 55 % entre 1999 et 2013.

Parallèlement, la moyenne d’âge de la population féline est passée de 16,6 mois en 1995 à 43,8 mois en 2017, alors que l’on observe une légère baisse des infections virales : -0,32 % pour le rétrovirus, -0,18 % pour la FelV, -0,16 % pour la FIV sur la période (Kreisler et al., 2019).



« En conclusion, un programme de capture, de stérilisation et de relâché sur deux décennies a permis de réduire la population de chats errants tout en améliorant le bien-être des individus existants. »



Stérilisation en refuge, quelle politique adopter ?



La gestion d’animaux errants ou de refuge répond à d’autres contraintes que celle d’un particulier. Il est donc impératif d’en tenir compte. Au-delà de la santé des animaux, la gestion des populations de chats a aussi pour but de réduire les nuisances faites au voisinage, responsabilité des communes.



Ainsi, les articles L. 2212-1 et L. 2212-2 du Code général des collectivités territoriales confèrent au maire le droit d’intervenir pour mettre fin aux nuisances causées par les animaux errants ou en état de divagation. La responsabilité de la commune peut être engagée le cas échéant.

Le maire peut ainsi demander la capture et la stérilisation des animaux pour prévenir ces situations.



Concernant les félins errants, l’article L. 211-41 du Code rural précise que « le maire peut, par arrêté, à son initiative ou à la demande d'une association de protection des animaux, faire procéder à la capture de chats non identifiés, sans propriétaire ou sans gardien, vivant en groupe dans les lieux publics de la commune, afin de faire procéder à leur stérilisation et à leur identification conformément à l'article L. 214-5 [1], préalablement à leur relâchement dans ces mêmes lieux. Cette identification doit être réalisée au nom de la commune ou de ladite

association ».



Jusqu’à présent, la stérilisation avec gonadectomie a toujours été celle employée. Une alternative pourrait-elle être plus bénéfique ?



Avec une vasectomie ou une hystérectomie sans ovariectomie, les chattes errantes conserveraient leurs hormones et comportements sexuels. Elles continueraient de miauler en période d’oestrus, causant des nuisances sonores. Cela augmenterait aussi les marquages des mâles (odeurs), les bagarres et les risques d’infections, sans compter la transmission de maladies sexuellement transmissibles. De plus, une femelle qui garde ses caractéristiques hormonales continue d’attirer les mâles, recrutant ainsi de nouveaux individus sur une zone définie.



Chez les chiens, les mâles non stérilisés ou vasectomisés sont attirés par l’odeur d’une femelle en chaleur à 1 km de distance, favorisant les fugues et la divagation.



Non seulement ces situations félines et canines sont susceptibles de causer des nuisances pour les riverains (bruits, odeurs), mais elles pourraient tout aussi bien augmenter les risques d’accidents de la circulation ou de morsures par des chiens en quête d’une femelle. Elles réduiraient également le bien-être des animaux (augmentation du risque de maladies et de

blessures par bagarres).



Compte tenu du nombre, la gestion des animaux en refuge pourrait aussi être rendue plus difficile (bagarres, blessures, agressivité, risque de morsure du personnel, etc.).



Par ailleurs, la vasectomie du mâle, qui permet d’empêcher la reproduction sans pour autant le priver de ses hormones, pose question.



« La procédure opératoire est plus longue et plus délicate, notamment chez le chat : il faut anesthésier plus longtemps, faire une incision abdominale, passer sous la vessie. Une technicité qui implique un acte plus lourd et plus coûteux. De plus, d’après le Fossum (ouvrage de référence de chirurgie des petits animaux domestiques*, NDLR), les spermatozoïdes subsistent dans l’éjaculat jusqu’à 7 semaines après l’intervention. Chez le chien, on peut prévoir un nettoyage du canal déférent, mais c’est impossible chez le chat » nous confie le Dr. Christophe

Blanckaert.



Lorsqu’une campagne de stérilisation a été menée sur des populations de chats errants, la gestion, le suivi sanitaire et les conditions de détention/relâché des animaux sont de la responsabilité du maire et de l’association en charge de la campagne. Il est donc primordial que les communes et les associations soient correctement sensibilisées aux implications et conséquences des différentes formes de stérilisation avant

de choisir celle qui leur paraîtrait la plus adaptée.

*Small Animal Surgery, par Theresa Welch Fossum, aux éditions Mosby-Saunders, 5e edition, 2018.







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